Vrai ou faux ? Sept vérités et mythes sur le yoga
Accro au yoga depuis 1970, William Broad en fait pratiquement tous les jours. Le journaliste scientifique du New York Times écrit : « Tous ceux qui font du yoga en ressentent les bienfaits physiques. Le yoga calme et détend, guérit et régénère, donne de l’énergie et de la force. » Il affirme que l’on dit néanmoins beaucoup de bêtises au sujet du yoga. Il s’étonne qu’avec le grand nombre d’études existant sur les effets du yoga, il puisse y avoir un si grand manque de connaissances effectives des professeurs qui l’enseignent. Pour écrire The science of yoga, il a rencontré des scientifiques, des professeurs de yoga, des gourous, des médecins et des amateurs de yoga. Il en a conclu que « les risques et les avantages du yoga sont bien plus importants que je ne le pensais. Le yoga peut être mortel ou peut vous sauver la vie. Les autres sports sont un jeu d’enfant en comparaison avec le yoga ». Voici un panorama de ses découvertes les plus importantes.
- Le yoga calme et rend heureux – VRAI !
Rien de neuf pour tous ceux qui font du yoga, mais c’est aussi confirmé scientifiquement : le yoga met de bonne humeur. Une étude a comparé trois groupes : le premier a fait du yoga durant quatre mois, le deuxième du cyclisme et le troisième rien de spécial. Résultat des courses ? Les yogis dormaient mieux, avaient plus d’énergie, se sentaient plus souples, avaient de meilleures relations avec leur famille, étaient plus joyeux, avaient plus confiance en eux et étaient plus satisfaits de leur vie. Et, ce qui ne gâche rien, ils se trouvaient plus beaux.
En 2010, l’université du Maryland a compulsé minutieusement plus de 80 études dans lesquelles on comparait le yoga à d’autres formes de sport.
Résultat : le yoga est aussi bon ou meilleur que les autres sports pour diminuer la peur, le stress, la fatigue, la douleur et le taux de cholestérol, pour conserver un bon équilibre psychique et pour augmenter la bonne humeur et la qualité de vie, tant au niveau social que professionnel.
« Cela m’a sauvé la vie », affirme l’Américaine Amy Weintraub, qui raconte dans Yoga for depression (Harmony, 2003) qu’elle a vécu durant des années dans une sorte de brouillard. Les antidépresseurs ne servaient à rien. Puis, elle a découvert le yoga. Moins d’un an plus tard, elle a pu se débarrasser des médicaments qu’elle prenait depuis neuf ans, elle revivait. Des recherches menées sur le neurotransmetteur GABA (il aide à combattre la dépression et a un effet tranquillisant) apportent une caution médicale à cette expérience. Il est prouvé que le niveau GABA peut augmenter de 27 % dès une première séance de yoga d’une heure. Chez les personnes qui faisaient du yoga depuis 10 ans, cette augmentation était de 47 % et chez un participant qui pratiquait cinq fois par semaine, l’augmentation atteignait même 80 %.
Non seulement le yoga est un antidépresseur naturel, mais il aide également à combattre l’angoisse. De jeunes musiciens qui faisaient deux séances de yoga par jour souffraient beaucoup moins du trac que les musiciens du groupe de contrôle. Ils ressentaient également moins des tensions, comme la dépression ou la colère. Le chercheur de Harvard qui a fait cette étude – et qui a lui-même un tapis de yoga sous son bureau – a confié à William Broad : « Le yoga les fait vivre dans l’instant. Il leur procure joie et énergie pendant qu’ils font de la musique. » Un an plus tard, la plupart des musiciens faisaient toujours du yoga et affirmaient que leurs prestations musicales s’en étaient trouvées améliorées.
- Le yoga fait maigrir – VRAI… ET FAUX
La plupart des professeurs de yoga sont bien bâtis ; ils sont minces, ont une silhouette joliment musclée, de belles fesses… donc la pratique du yoga amincit… Pas vrai ? Pas exactement, répond William Broad. Le yoga ralentit la respiration, et donc les battements du cœur, fait baisser la pression artérielle et le besoin en oxygène. Le corps a besoin de moins d’énergie et brûle donc moins de calories. Une étude a montré que le métabolisme des hommes qui faisaient du yoga se ralentissait de 8 %. Chez les femmes, ce ralentissement pouvait atteindre 18 %. Puisque le corps brûle les calories plus lentement, en théorie, on devrait donc prendre du poids en mangeant la même chose qu’en ne faisant pas de yoga.
Comment se fait-il alors que l’on voit si peu de yogis en surpoids ? Le yoga influence la création des hormones de stress. Il diminue de manière importante la quantité de cortisol, l’hormone du stress. Le cortisol est responsable de l’accumulation de la graisse sur le ventre : une réserve pour les moments de disette. Rien qu’en tenant une seule posture – celle du Cobra – durant trois minutes, le taux de cortisol des sujets d’étude diminuait de 11 % en moyenne. Moins de stress et un meilleur sommeil grâce au yoga font donc baisser la quantité de cortisol et aident à rester mince.
De plus, le yoga aide à mieux se nourrir car on est plus sensible à ce qui est sain et à ce qui ne l’est pas. On se sent mieux dans sa peau et on est donc moins enclin aux fringales émotionnelles.
- Le yoga aide à se sentir jeune – VRAI !
Lorsque l’explorateur Marco Polo est arrivé pour la première fois en Inde, il a noté que les yogis pouvaient vivre jusqu’à 200 ans. Il exagérait peut-être un tantinet, mais il est frappant que les maîtres yogis connus ont tous atteint un âge respectable : Krishnamacharya a vécu jusqu’à 101 ans, son disciple Indra Devi – auteur du livre Forever Young ! – jusqu’à 102 ans, Pattabhi Jois jusqu’à presque 94 ans, B.K.S Iyengar jusqu’à 96 ans. (Mais il est vrai que Yogananda est mort à 60 ans d’une crise cardiaque…)
Le yoga garde jeune, c’est effectivement prouvé scientifiquement. Les extrémités de nos chromosomes, nommées télomères, se raccourcissent à chaque fois qu’une cellule se divise. La longueur d’un télomère témoigne donc en partie de la “juvénilité” d’une personne. Le stress chronique (et une nourriture malsaine) attaque les télomères. La bonne nouvelle, c’est qu’on peut ralentir l’horloge biologique en diminuant le stress. Une étude faite sur 24 hommes ayant pratiqué une heure de yoga quotidiennement durant six jours a prouvé que leur télomérase, le renouvellement des télomères, avait augmenté de 30 %. Ce renouvellement peut même se produire encore à un âge avancé. Il n’est donc jamais trop tard pour commencer le yoga !
L’état de votre colonne vertébrale indique également votre degré de juvénilité. Les exercices de yoga favorisent la circulation sanguine et l’apport de nutriments aux disques intervertébraux. Une colonne vertébrale souple est un signe de jeunesse. De plus, le yoga stimule la régénération des os et combat ainsi l’ostéoporose.
- La respiration profonde apporte plus d’oxygène au corps – FAUX !
« Inspirez et expirez profondément pour faire circuler plus d’oxygène dans votre corps. » C’est le genre de phrases qui circulent dans de nombreux cours de yoga, et tout le monde les adore. Oui à l’oxygène frais ! Hélas, cette histoire d’oxygène n’est qu’un mythe. Une respiration profonde ou superficielle ne change rien au taux d’oxygène dans le sang. « Le rythme de la respiration peut être très lent ou extrêmement rapide, cela n’influencera en rien le taux de O2, », écrit Broad. L’air qui nous entoure est saturé de O2, et l’hémoglobine, la protéine dans nos cellules rouges qui absorbe l’oxygène et qui le transporte des poumons vers les tissus, est également saturée d’oxygène, même au repos.
Même s’il est vrai que notre corps peut absorber plus ou moins d’oxygène, cela ne dépend pourtant en rien de la respiration, mais est en lien avec le rythme cardiaque, l’activité musculaire et le métabolisme. Les sports cardio-vasculaires intenses, comme la course à pied et la natation, augmentent le ventricule gauche qui pompe un sang gorgé d’oxygène vers les muscles et les tissus. Mais pour arriver à ce résultat, il faut pratiquer ces sports durant des mois. Qu’en est-il cependant des formes plus intensives du yoga, comme le Bikram ou l’Ashtanga ? Tous ceux qui ont fait dix Salutations du Soleil à la file savent que le rythme cardiaque s’en ressent. Différentes études montrent que les Salutations au Soleil ont une influence sur la condition physique, influence comparable à celle d’une marche rapide.
Et effectivement… lorsque je me retrouve toute transpirante sur mon tapis de yoga durant le cours de Bikram, je sens mes battements cardiaques augmenter considérablement. Je pose la question à Broad qui admet : « Peu de recherches se sont penchées sur ce sujet précis. Bien des choses n’ont pas encore été étudiées. »
- Le yoga, c’est bon pour la santé – VRAI !
Avez-vous l’impression de tomber moins souvent malade depuis que vous faites du yoga ? C’est tout à fait possible. Des études montrent que le yoga améliore le système immunitaire. Le métabolisme se ralentit, ce qui fait diminuer le stress et la pression artérielle ainsi que le rythme cardiaque. Comme les maladies cardio-vasculaires forment la plus grande cause de mortalité dans le monde occidental, le yoga peut jouer un rôle important pour la santé publique. Il contribue à réduire les facteurs de risque pour les maladies cardio-vasculaires : un taux élevé de cholestérol, de glucose et de fibrinogène (une protéine qui provoque les caillots sanguins). D’ailleurs, les médecins le constatent dans les consultations : les patients qui font du yoga vont moins souvent à l’hôpital, prennent moins de médicaments et ont moins de problèmes cardiaques.
Broad a fait une autre découverte surprenante durant sa quête sur les effets du yoga : l’influence du yoga sur le nerf vague. Il s’agit du nerf le plus important de notre corps. Il descend du tronc cérébral et se divise pour aller vers les poumons, le cœur, l’estomac et le foie. Ce nerf régule le système immunitaire. Les mouvements et la respiration lente durant les exercices de yoga le stimulent, ce qui permet de combattre les inflammations et les maladies auto-immunes telles que les rhumatismes. Une étude effectuée sur 64 patients souffrant de rhumatismes a montré qu’une semaine intensive de yoga permet d’atténuer la maladie. En effet, le facteur rhumatoïde avait diminué dans le sang et il leur était plus facile de tenir des objets, de sortir du lit et de marcher.
- Le yoga n’est pas dangereux – FAUX !
« Le yoga ne peut pas faire de mal », a affirmé un jour le fameux gourou Gitananda. Mais Broad affirme que pratiquer le yoga n’est pas toujours anodin et qu’il peut occasionner de sérieuses blessures. Et ce risque ne fait qu’augmenter dans notre société moderne où on passe d’un extrême à l’autre. Assis toute la journée derrière un bureau, le soir venu, on se tord dans des positions improbables. De plus en plus de styles de yoga ne mettent plus l’accent là où il le faudrait : sur le hic et nunc, sur la respiration, sur le ressenti du corps et se concentrent au contraire sur l’apparence et la prestation.
Broad évoque des professeurs de yoga américains qui ont complètement détruit leurs hanches, leur dos ou leurs genoux pour avoir mal fait des postures des années durant. Lorsqu’on se blesse au yoga, c’est en général aux articulations : les poignets, les chevilles, les genoux, les épaules et la nuque. On étire trop les ligaments qui lient les os et les articulations. Après cela, ils ne retrouvent plus leur forme première, les articulations sont donc trop lâches et ne sont plus assez soutenues. Ce risque est accru dans certaines formes de hot yoga, la chaleur permettant d’étirer plus facilement – et trop – les muscles.
Les risques peuvent être encore plus importants. On peut léser de fragiles vaisseaux sanguins et même occasionner une hémorragie cérébrale en effectuant certaines postures dans lesquelles on plie la nuque et où la pression sur les vertèbres cervicales est extrême. Cela peut aussi se passer chez le coiffeur si l’on penche trop sa tête en arrière vers le bassin où les cheveux sont lavés ; c’est le syndrome du salon de beauté.
Broad affirme que certaines postures devraient être classées “Interdites aux moins de 18 ans” car elles font dangereusement pression sur la nuque ou la tournent dans une position peu naturelle : le Poirier, la Chandelle, le Triangle, la Charrue, le Cobra, le Pont et l’Angle latéral. Il trouverait raisonnable d’éviter ces postures, ou d’être très prudent en les faisant. Il faudrait par exemple ne pas trop étirer la nuque vers l’arrière ou alors placer une couverture sous ses épaules lorsqu’on fait la Chandelle.
- Le yoga améliore la vie sexuelle – VRAI !
Elle y arrivait sans les mains. Une yogini a montré, sous contrôle scientifique, comment arriver à l’orgasme en se concentrant uniquement sur sa colonne vertébrale. « Dites-moi quel chakra vous voulez mesurer. Je peux avoir un orgasme via tous les centres d’énergie. »
Ce n’est peut-être pas aussi facile pour le yogi de base, mais il a été prouvé que le yoga améliore la vie sexuelle. Les personnes qui font du yoga depuis trois mois ont noté une amélioration dans toutes les catégories du plaisir sexuel : le désir, l’excitation, le plaisir, l’orgasme, la satisfaction, la confiance en soi et l’intimité émotionnelle. Le yoga diminue la quantité d’hormones de stress et augmente celle des hormones sexuelles. Une étude faite auprès d’hommes qui ont pratiqué le yoga durant six mois montre que leur niveau de testostérone avait augmenté de 57 %. La testostérone est fabriquée dans les testicules, qui sont stimulées par certaines postures, comme l’Arc par exemple, mais mieux vaut ne pas y penser durant votre prochain cours de yoga !
En plus de stimuler directement les organes sexuels, le yoga augmente aussi la sensualité grâce à des exercices de respiration spécifiques. La respiration rapide bhastrika, par exemple, oxygène moins les hautes fonctions du cerveau au profit des parties les plus basses qui commandent la sexualité. Des études ont prouvé que les femmes qui font des exercices de respiration rapide sont plus excitées lorsqu’elles regardent des films érotiques. La série Sex and the city a d’ailleurs inventé un mot pour décrire ce que ressent Samantha lorsqu’elle se retrouve entourée de personnes court vêtues, transpirantes et qui s’étirent en haletant : un “yogasme”. Encore un des nombreux miracles du yoga, dont l’influence dépasse largement votre petit tapis.
Texte : Heleen Peverelli, Illustrations : Deborah van der Schaaf