Wayoga : insuffler de la gratitude le long du chemin
Comment est né ce projet ?
Un matin, exactement six semaines après l’opération de Marco, alors qu’on prenait notre petit-déjeuner on s’est regardé droit dans les yeux et on s’est dit : « je n’arrive toujours pas à réaliser la chance qu’on a. C’est le moment de redonner, n’importe où, comment, ou quand ». C’était comme s’il fallait absolument qu’on remercie l’Univers. Nous avons donc décidé de partir du sud de l’Ardèche jusqu’à Saint- Jacques-de-Compostelle. Le choix n’est pas anodin, puisqu’il y a sept ans Marco a eu la chance de faire le chemin de Compostelle à pied, une expérience qui l’a beaucoup marqué. Nous avons donc choisi de revivre cette aventure mais cette fois-ci avec notre « maisonnette mobile ». À nos yeux, c’est aussi une manière de clôturer la période difficile que nous avons dû traverser quand nous croyons encore que Marco allait rester en fauteuil roulant. Lorsqu’il est sorti de l’hôpital le docteur lui a dit « Tu as eu bien plus qu’une bonne dose de chance, tu devrais songer à jouer au Loto ». Pour le moment on ne joue toujours pas au Loto, mais on fait d’autres choses avec cette chance.
Pourquoi « wayoga » ?
« Wayoga » est un jeu de mots en anglais avec le mot « way » (chemin) et « yoga »: d’où notre slogan « Sharing yoga along our way ». Pour nous, ce « chemin » signifie beaucoup de choses. Littéralement il s’agit du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle que l’on pense faire. Symboliquement, cela fait aussi référence à notre vie, qui parfois prend des virages inattendus. Et puis d’un autre côté, le « wayoga » c’est notre style de vie. C’est un yoga qui nous permet de nous connecter avec les gens qui nous entourent, qui nous maintient en bonne santé physique et mentale, et maintenant c’est aussi devenu un moyen de collecter des fonds pour une association.
Comment se déroule cette première expérience ?
Jusqu’à présent nous sommes très contents ! Nous avons reçu de très beaux retours, qui nous motivent beaucoup. Certes ça n’a pas toujours été facile et ça a pris du temps avant de démarrer et de pouvoir organiser des séances dans des campings et autres structures de vacances. La plupart ont leur propre « animation » et ne sont pas intéressés dans des projets caritatifs. Mais nous sommes quand même tombés sur des personnes adorables et bienveillantes qui nous ont ouvert grand leur porte.
Pourquoi avoir choisi la fondation Walkabout ?
On voulait avant tout aider les personnes paralysées. Bien qu’il existe plusieurs organisations, nous sommes tombés sur Walkabout. C’est en lisant leur histoire, en regardant des vidéos sur leurs missions et en voyant le bonheur sur le visage des gens qu’on a décidé d’apporter nous aussi notre petite graine à cette cause.
Avant de commencer on avait pour objectif de collecter un fauteuil roulant par semaine, c’est-à-dire 300€ par semaine. On s’est rendu compte que c’était probablement un peu trop ambitieux, mais on continue tout de même à y croire et on verra à la fin si on y arrive !
La place du yoga dans votre vie découle-t-elle de l’accident de Marco ?
Avant l’opération de Marco, le yoga faisait déjà partie de notre vie. C’est d’ailleurs probablement grâce au yoga que Marco a continué à marcher jusque très tard avec une partie de sa moelle épinière complètement comprimée. Quand le spécialiste a analysé les IRM de son dos, il a demandé à plusieurs reprises si on était sûr que ce patient marchait encore. Avec le yoga, il continuait à stimuler les nerfs et la circulation ce qui lui permettait de continuer à bouger ses jambes. Après l’opération, cette pratique a pris une place encore plus importante dans nos vies.
Une phrase pour décrire cette expérience ?
Si le yoga rend nos corps flexibles, cette expérience a rendu notre esprit encore plus flexible. On a dû apprendre à s’adapter à toutes les situations, personnes, moments et endroits afin de mener à bien cette expédition caritative.
Pour assister à un cours de yoga solidaire, rendez-vous sur les réseaux sociaux de Wayoga
Texte : Julana Mether & Photographies : Wayoga