Plantez les bonnes graines
Pour vous taquiner, vos amis vous appellent Bouddha : en effet, vous avez cette capacité à tirer quelque chose de positif de toutes les situations. Et même lorsque tout va mal, vous vous concentrez sur votre respiration, car vous savez que ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Mais voilà. Nous sommes samedi après-midi. Au programme : une fête d’anniversaire dans la famille. Vous avez à peine franchi la porte d’entrée que votre sœur vous fait une remarque désobligeante sur votre tenue. Alors que vous avez dépassé la quarantaine, vous avez maintenant l’impression d’avoir 12 ans. Et au lieu de réagir avec calme, comme vous le feriez normalement, vous vous emportez avec véhémence. Le ton est donné. Ce n’est qu’au dessert que vous retrouvez votre calme.
Mais que s’est-il passé ? Comment se fait-il que, sur tous les fronts, vous puissiez être plus calme, plus libre et plus joyeux, mais que votre vieille peur du rejet revienne systématiquement vous tourmenter ? Bien évidemment, vous pourriez faire appel à toutes sortes de théories psychologiques dans le cadre d’une approche systémique, mais la philosophie du yoga propose une réponse bien plus simple.
Comptez jusqu’à 10
La philosophie du yoga affirme que chaque fois que vous pensez, faites ou dites quelque chose, dans votre esprit, vous plantez une graine, qui germera ultérieurement. Cette éclosion peut avoir lieu dans dix minutes comme dans dix ans. En d’autres termes, tout ce dont vous faites l’expérience aujourd’hui n’a rien à voir avec le moment présent. Il s’agit simplement de petites graines du passé qui viennent de germer. Votre expérience ne révèle rien sur la personne qui se trouve en face de vous. Imaginez qu’au bureau votre supérieur hiérarchique vous fasse un reproche, pensez-vous que, de ce fait, c’est un “sale type” ? Peut-être que l’un de vos collègues a, au contraire, trouvé qu’il vous a calmement fait part d’une remarque justifiée. Votre patron n’est pas intrinsèquement le “sale type” que vous voyez en lui. Il s’agit de votre vision personnelle : la graine qui a été plantée par le passé vous fait considérer votre chef ainsi.
Cette question s’avère épineuse, car au fond de vous vous savez bien que votre patron n’est pas un monstre. Ce qui importe, c’est la manière dont vous réagissez. Vous montrez-vous désagréable avec lui chaque fois qu’il ne va pas dans votre sens ? Si c’est le cas, vous plantez une graine dans votre esprit, qui amènera la situation à se répéter dans le futur : quelqu’un sera désagréable avec vous. Mais maintenant que vous avez compris la nature de cette dynamique, bonne nouvelle, vous pouvez ajuster votre comportement en conséquence.
La pensée positive
N’allez pas croire que seuls les pensées ou les comportements négatifs plantent des graines dans votre esprit. Car, dans la même logique, lorsque vous émettez une pensée positive, ou que par exemple vous aidez une vieille dame au supermarché, vous plantez des graines pour le futur. Et, en effet, ces graines positives vous causeront moins de tracas que les graines négatives. D’ailleurs, qui ne souhaiterait pas accueillir davantage de positif dans sa vie ? Toutefois, les graines positives ne constituent pas une
panacée.
Des graines supérieures
Heureusement, la philosophie du yoga propose également une réponse à ce problème. Il existe une manière de planter des graines positives, également appelées graines supérieures, qui garantit leur renouvellement continuel. Ces graines supérieures sont porteuses d’un fort pouvoir de transformation. Selon la philosophie du yoga, au bout du chemin, ces graines supérieures transforment votre corps en corps de lumière et font de vous une sorte d’ange. Une reformulation contemporaine de cette idée pourrait être : les graines supérieures mènent à l’illumination.
Faire le ménage
Vous plantez désormais des graines supérieures. C’est très bien ainsi, et cela apportera certainement des changements positifs dans votre vie. Mais qu’advient-il des mauvaises graines qui sont encore logées en vous, prêtes à germer ? Êtes-vous abandonné aux caprices du sort jusqu’à ce qu’il n’en reste plus aucune ? La réponse est non : vous pouvez développer un antidote capable de les neutraliser avant même qu’elles germent.
Retrouvez l’intégralité de cet article dans Yoga magazine #24
Illustration : Lisa Junius