Baba Ram Dass est décédé à 88 ans
Né le 6 avril 1931 à Boston, Richard Alpert se tourne à 18 ans vers des études de psychologie. Il obtient son doctorat à l’université de Stanford puis occupe un poste d’enseignant à Harvard. C’est au sein de cette prestigieuse université qu’Alpert fait la rencontre qui va changer sa vie : Timothy Leary, un chercheur en psychologie spécialisé dans les bienfaits thérapeutiques des drogues psychédéliques. Nous sommes au début des années 1960, et les deux acolytes deviennent rapidement passionnés par les effets du LSD – une substance légale aux États-Unis jusqu’en 1968. S’impliquant personnellement dans de très nombreuses expérimentations, Alpert dit trouver, par la prise de LSD, un moyen d’entrer en contact avec son âme… jusqu’à ce que les effets exaltants redescendent.
Renvoyé d’Harvard pour avoir impliqué des élèves dans ses recherches, Alpert continue ses expérimentations jusqu’à un voyage providentiel en Inde. C’est là, à l’âge de 39 ans, qu’il fait la rencontre de Neem Karoli Baba. « Aime tout le monde et dis la vérité », lui enjoint quotidiennement le gourou – qui lui donne son nouveau nom : Ram Dass, le serviteur de Dieu. À travers ses enseignements du yoga et de la méditation, Ram Dass découvre un moyen naturel de ne jamais « redescendre ». Dans une récente interview, l’américain racontait avoir donné du LSD à son maître… et que celui-ci n’avait ressenti aucun effet. L’amour, lui dit le maître, est une drogue bien plus puissante.
De retour aux États-Unis, il organise des rencontres pour chanter des mantras, méditer, et se lance bientôt dans un circuit national de conférences pour partager les leçons de son maître. En 1971, il publie Be Here Now, devenu une véritable « bible de la contre-culture » des années 1970. Vendu à plusieurs millions d’exemplaires, le livre, raconte la quête spirituelle de Ram Dass. Sa leçon ? Identifiez-vous à votre âme, pas à votre ego.
Au cours des années 1970 et 80, Ram Dass a cocréé deux ONG : la Fondation Seva, qui vient en aide aux personnes malvoyantes dans plus de 20 pays, et la Fondation Hanuman, qui a notamment mis en place des programmes de méditation dans les prisons américaines.
En 1997, un AVC le laisse en partie paralysé. Dans Vieillir en pleine conscience (son seul livre traduit en français), il raconte son acceptation de la mort suite à cet accident : « La mort ne me terrifie plus comme elle le faisait, écrit-il. Si je suis dans un bon jour, le mental en paix, je peux dire qu’elle m’attire autant que la vie. Comme mon attaque m’a vraiment rapproché d’elle, j’ai appris à me détacher de ce corps, à demeurer vigilant dans la tranquillité, semblable à un oiseau immobile qui se tient sur une branche sèche prêt à s’envoler. » Ram Dass s’est envolé le 22 décembre, chez lui, à Hawaï.
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• Un documentaire sorti en 2018, Going home (en français : Ram Dass, le pouvoir de l’instant présent, disponible sur Netflix) raconte son cheminement depuis son AVC et son acceptation de la mort : « L’accident est insupportable pour l’ego. Mon AVC m’a poussé vers l’intérieur, vers mon âme. »
• Retrouvez de nombreux extraits de conférences données entre les années 1980 et 2019 ici .
Texte : Clémentine Koenig ; Photographies : Love Serve Remember Foundation