Aria Crescendo : « Pratiquer est un besoin vital »
Yoga magazine : Pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec le yoga ?
Aria Crescendo : Depuis mes 5 ans, je veux faire de la scène. À 16 ans, j’ai décidé de partir de chez moi (je suis née en Transylvanie) pour réaliser mon rêve. Je me suis installée à Paris, chez une copine mannequin. J’ai rapidement réussi à me faire repérer et à être embauchée en tant que danseuse au Crazy Horse. Je n’avais aucune expérience et j’ai dû travailler trois fois plus que les autres pour être au niveau. Un jour, nous sommes allées en tournée à Las Vegas, et une fois sur place, nous avons eu beaucoup de temps libre entre les répétitions. Je n’ étais plus constamment dans l’action et je me retrouvais, pour la première fois, face à moi-même. J’ai commencé à déprimer, à ressasser des idées noires … Un matin, une des danseuses est venue me chercher dans ma chambre et m’a sommée « Habille-toi, nous allons a un cours de yoga. » Ça a été une révélation.
À quel moment avez-vous ressenti l’envie d’enseigner ?
Très rapidement. J’ai pratique de plus en plus souvent jusqu’à ce que cela devienne une routine quotidienne. Quand je suis rentrée de Las Vegas, la première chose que j’ai faite a été de m’inscrire a un cours de yoga. Des que je me prends de passion pour quelque chose, je ressens le besoin de le transmettre. J’aime donner, faire profiter les gens qui m’entourent de mon énergie. II faut savoir que lorsque je me suis lancée, ii y a dix ans, le yoga était beaucoup mains démocratisé, j’étais perçue comme une extraterrestre ! Mais ça m’était égal car, pour la première fois depuis longtemps, je me sentais réellement bien.
Vous dites dans votre livre que le yoga a pansé les blessures infligées à votre corps par la danse …
Le yoga m’a sauvée psychologiquement mais aussi physiquement. Lorsqu’on danse pour le Crazy Horse, la règle d’or est de cambrer constamment son dos. Or, cela provoque à terme d’intenses douleurs. Avec le yoga, j’ai appris a connaître et à écouter mon corps. Comme la plupart des postures font travailler les muscles qui se trouvent le long de la colonne vertébrale, mon mal de dos s’est peu à peu estompé. Tout sportif de haut niveau maltraite, d’une certaine façon, son corps et devrait pratiquer le yoga en complément de sa discipline. J’en ai d’ailleurs de plus en plus qui viennent à mes cours.
Pouvez-vous nous parler de la méthode que vous avez créée, le Warrior Yoga ?
C’est un mélange de Yoga Iyengar, d’Ashtanga et de Vinyasa. J’y ai ajouté une part de moi : le côté “guerrier”. Je coache mes élèves, je leur demande sans cesse de repousser leurs limites, de sortir de leur zone de confort. Le Warrior Yoga est très physique, on transpire beaucoup et on se façonne assez vite un corps fin et musclé. La progression est rapide car on se fixe sans arrêt de nouveaux objectifs. Tout ça fait vraiment partie de ma personnalité : j’adore relever des challenges.
N’est-il pas compliqué de concilier la philosophie du yoga avec l’univers “show-biz” dans lequel vous évoluez ?
C’est justement ça qui me fait tenir. Être dans le milieu artistique, c’est monter à bord d’une sorte de montagne russe : notre vie est une succession de hauts et de bas. C’est pour cela que beaucoup d’acteurs et de chanteurs tombent dans la dépression ou l’alcoolisme. Si je n’avais pas eu le yoga, ça aurait probablement été mon cas aussi. En tournée, dès que je ressens le moindre stress, je pratique. Idem pour mes soucis personnels. Je voyage régulièrement entre Paris et L.A. – le vol dure 12 heures – et je fais toujours une petite séance dans l’avion ! Le yoga est devenu un besoin vital au même titre que manger ou dormir.
TEXTE Iris Cazaubon - PHOTOGRAPHIES Nathalie Jouan